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Le blog de Romain
3 avril 2006

Rupture

6 juin 2003. Un vendredi.
J'ai décidé il y a 5 minutes de quitter l'entreprise et je rédige ma lettre de démission avec un stylo Bic.
La motivation ?
Il n'y en a pas d'apparente.
Les relations avec mes collègues sont cordiales. Certains sont devenus mes amis.
Mon travail est très intéressant. Des déplacements réguliers à travers toute l'Europe pour superviser la gestion financière.
C'est beau et reposant, la terre vue d'un avion.
Des rencontres aussi, beaucoup de rencontres.
Des gens intéressants, d'autres moins. De grands hôtels. A 31 ans.
La réussite.
Alors ?
Alors je rédige calmement une lettre de démission que je déposerai tout à l'heure, sans un mot, sur le bureau de Mr X., mon patron.
Je revois la scène.
Il lit la lettre une première fois, enlève ses lunettes et me fixe quelques secondes, incrédule.
Je ne dis rien. Il remet ses lunettes et lit la lettre une seconde fois.
Puis il me demande "combien voulez-vous ?".
Je ne comprend pas. Il précise "combien voulez-vous pour rester chez nous ?".
Ce que je lui réponds le déstabilise. Je le vois. Peut-être est-ce la première fois qu'il est confronté à une situation aussi absurde.
J'ai toujours été ce qu'on appelle un "salarié modèle", efficace et sur lequel on pouvait compter.
Je n'ai jamais été en conflit avec ma hiérarchie.
Alors un départ soudain, sans signe avant coureur et dépossédé de la seule raison valable à ses yeux: un travail mieux payé ailleurs ? Incompréhensible.
Une poignée de main et je le quitte, presque sans un mot.
Dans mon bureau, je rassemble quelques affaires et je pars.
Je n'ai rien dit à mes collègues.
A quoi bon.

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Commentaires
P
Le début de ce blog me plait beaucoup. Ton dernier post me donne l'impression que tout cela n'était pas prémédité : "J'ai décidé il y a 5 minutes de quitter l'entreprise et je rédige ma lettre de démission". L'impression que cela me donne est qu'il y a eu un déclic, d'un coup, brutalement, un peu comme lorsqu'on éteint un interrupteur.
R
... ce blog me parle, tiens... l'envie de tout lâcher, du jour au lendemain, sans fait particulièrement déclencheur, mais une sensation insupportable d'avoir atteint la fin d'un cycle... et qu'il faut passer à autre chose, sans savoir quoi, pour survivre....<br /> souvenirs, souvenirs...
M
pas de pression... alors une dépression? manque de défi? besoin de renouveau? fuite de responsabilités? un peu de tout, sûrement...
R
mmmh... ça me laisse réfléchir... Personnellement je suis tellement maléable, influençable que cela n'est pas compatible avec la pression, justement... Il me manque quelque chose d'important pour entrer dans le monde du travail (dans un peu plus d'un an, normalement) : savoir m'affirmer, m'imposer.
R
> Raphaëlle<br /> Pas la pression.<br /> La pression est une chose que je n'ai pratiquement jamais connue.<br /> C'est d'ailleurs certainement une des raisons pour lesquelles je réussissais si bien dans mon travail.<br /> Sans pression, la prise de risque n'est plus un handicap.<br /> Audiard disait "les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît".
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